Changeons notre regard sur les mauvaises herbes !

Le spectacle Graine de voyous proposé hier 9 mars par la commune de Rixensart a démontré avec humour et brio à quel point nous avons de ‘fausses’ idées sur les ‘fausses’ mauvaises herbes. Bravo Frédéric Jomaux ! Il a réussi à me faire pleurer de rire sur un sujet pourtant pas très marrant au départ…

Les «mauvaises» herbes ont leur utilité: beaucoup protègent le sol de l’érosion, certaines sont comestibles (la salade de pissenlits !), toutes accueillent une faune aussi minuscule que variée et participent à la biodiversité.

      

Denis Pépin est ingénieur écologue et agronome. Dans son livre «Je désherbe sans produits chimiques», il explique que la plupart des plantes jugées indésirables profitent de certaines circonstances créées par l’homme pour s’installer et proliférer:

• terre laissée nue entre les plantes cultivées, entre les pavés d’une terrasse
• terre chamboulée, tassée, appauvrie, défavorable aux plantes cultivées, exigeantes, mais favorable à des plantes sauvages plus sobres. Ce sont souvent des plantes pionnières, c’est-à-dire qui colonisent un sol nu. Elles contribuent à l’améliorer, l’enrichir en éléments nutritifs, la décompacter par leurs racines puissantes, lui redonner vie et fertilité, préparant ainsi l’arrivée de plantes plus exigeantes
• À l’inverse, certaines plantes prolifèrent dans les sols riches en éléments nutritifs. Ce sont des “ mauvaises ” herbes de bonne terre. Ainsi, l’ortie, le mouron blanc, le lamier pourpre apprécient les sols riches en azote

Voici le livre «Je désherbe sans produits chimiques»:

Les « mauvaises herbes » peuvent être les témoins des problèmes à régler sur une pelouse par exemple. On les appelle d’ailleurs pour ça des plantes bio-indicatrices. Le spécialiste du «désherbage sans produit chimique» conseille de les arracher si possible avant leur montée en graines, puis « de semer par dessus un gazon adapté à vos usages dans un terreau bio et nutritif. »

Comme le conseille Yannick Hirel, jardinier amateur et auteur du blog Au potager bio, on peut laisser dans nos jardins quelques zones libres :

«Laisser une partie sauvage dans son jardin, qui va accueillir les adventices mais aussi tout un tas d’insectes, de pollinisateurs, qui sont les auxiliaires du jardinier. En faisant ça on encourage les équilibres naturels. Moi, par exemple, mes fèves étaient souvent attaquées par des pucerons. Du coup, j’ai laissé pousser des herbes hautes à côté des fèves, et ces herbes ont attiré les coccinelles qui ont mangé les pucerons.»

Sur l’espace public, en particulier sur les trottoirs, le long des caniveaux ou au pied de certains arbres, ces plantes indisciplinées semblent pour beaucoup d’entre nous ne pas être à leur place. Apprenons à les tolérer. Ce sont de précieux auxiliaires contre la pollution. Ce sont elles qui attirent les coccinelles, les abeilles, les papillons et les mésanges.

Avoir un sol parfaitement et toujours « propre » est illusoire ; si les mauvaises herbes ne font pas concurrence et si elles n’ont pas de graines, laissons-les et contrôlons-les ; pour cela et sans recourir à des procédés chimiques, pensons à différentes techniques telles que les faux semis, le paillage, l’arrachage manuel, le sarclage, la rotation des cultures, le pyrodésherbage ou la mise en place d’un couvre-sol.

Et si nous ne parlions plus de mauvaises herbes mais de végétation spontanée…

Et pour en profiter, voici une recette du potage aux orties:

• Ingrédients :
  •  quatre ou cinq bonnes poignées d’orties
  •  huile
  • un gros oignon
  • 4 ou 5 pommes de terre
  • une bonne louche de crème fraîche
• Préparation :
  Cueillez sans vous piquer, pour cela utilisez des gants, quatre ou cinq bonnes poignée d’orties.
  Lavez-les soigneusement afin d’en retirer le pouvoir urticant.
  Dans une cocotte, versez 3 cuillères d’une bonne huile et faites revenir l’oignon émincé,
  ajoutez les pommes de terre taillées en petits cubes, puis les feuilles d’orties sans les tiges.
  Couvrez d’eau salez, poivrez à votre goût portez à ébullition puis laissez cuire le temps qu’il faut.
  Mixez, réchauffez en ajoutant la crème fraîche. Servez sans attendre.

 

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